un bien fou
Auteurs   neuhoff, eric (Auteur)
Edition  Grand livre du mois (le) : Paris , 2001
Collation   208 p.
Format   21x14
ISBN   2-7028-4758-7
Langue d'édition   français
Langue d'origine   français
Catégories   Romans
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SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Bibliotheque 0002783 R NEU Adulte / Disponible
Notes : "Des milliers de lecteurs à travers le monde auraient payé cher pour être à notre place et nous, les deux nigauds, nous ne nous étions rendu compte de rien, du genre : "sympa, le pépé américain, tu ne trouves pas ?" Un jeune couple, lui écrivaillon trempant dans la pub, elle, agent immobilier remportant ses marchés grâce à la mise en valeur de sa poitrine, rencontrent en vacances Sebastian Bruckinger, un écrivain américain extrêmement célèbre qui fuit la renommée et se mure dans le silence. Le grand écrivain les invite chez lui... À partir de cette trame où plane l'ombre de Salinger, Éric Neuhoff bâtit un roman comme il sait si bien les faire, un livre où la désillusion se cache sous des chemises Brooks Brothers et où le salut par la littérature fait figure de rédemption existentielle. Neuhoff a gardé ce style néo-hussard qui ravit et irrite à la fois, ce regard cruel, cet humour morbide, cinglant, mélancolique et surtout cette "futilité profonde", la marque de fabrique des adolescents géniaux dont on espère qu'un jour ils deviendront de grands écrivains. Éric Neuhoff a aujourd'hui plus de quarante ans, Un bien fou est son cinquième roman.
Rien n’est moins suspect que de dispenser sa connaissance sous couvert d’un hommage. Grand prix de l’académie française 2001, Un bien fou traite d’un écrivain dont l’œuvre autant que l’individu a déjà fait couler beaucoup d’encre. De fait, J.D. Salinger, en se retirant de la vie médiatique et publique, a attisé de nombreuses fantasmagories. Pour l’heure, on retient surtout celle de William Kinsella qui dans Shoeless Joe s’appropriait le mythe avec magie, cohérence et ingéniosité. Eric Neuhoff choisit quant à lui de dessiner le contour de l’homme en négatif, dans une réalité physique et charnelle dénuée de toute aura, sinon celle de savoir voler la femme d’un autre. Sous les traits de Sebastian Bruckinger, Salinger le reclus apparaît comme un homme assez ordinaire. Pourtant les mille et uns détails que nous donne l’auteur, preuves d’une documentation fouillée, soulignent une certaine forme de fascination que l’écrivain porte à son aîné. C’est dans cet espace ambigu que Eric Neuhoff produit le meilleur, car alors même qu’il tente de fustiger sur place celui par qui le malheur est arrivé, il achoppe parfois dans sa violence laissant presque sourdre la jalousie coquette de l’homme trompé. Ce qui fait un bien fou au narrateur c’est la vengeance mûrement réfléchie dont on devine pourtant vite le motif et qui révèle sa banalité en toute dernière page. S’escrimant à maintenir la fausse angoisse d’un coup de théâtre de dernière minute, le narrateur - créatif dans une agence de pub - s’emploie donc à écrire une lettre, longue. Son acrimonie autant que sa déroute sont prétextes à de multiples admonestations envers le voleur de femme, envers Maud - la femme déserteur -, envers le lecteur, envers le monde tout entier. Ce qui ennuie le lecteur, malgré quelques passages drôles et émouvants, c’est l’aspect catalogue du roman. Entre les tenues vestimentaires des protagonistes, les restaurants, les clins d’œils ou crocs-en-jambe aux collègues romanciers et les références littéraires, tout le bon goût très germano-pratin s’affiche, s’étale. Eric Neuhoff n’en est point dupe et bien que ce type de liste soit presque sa signature, il parvient dans un soubresaut à faire une entourloupe au lecteur… Je m’étais pourtant juré que, dans cette lettre, je n’utiliserais aucun nom de marque. Je fais déjà trop ça dans mon métier assène le narrateur. Un bien fou se lit vite avec quelques bons moments et évoque à bien des égards le style de Frédéric Beigbeder… sinon qu’il fleure la modération et non les exagérations (certes parfois ratées mais parfois aussi jubilatoires de l’auteur de 99F).