Notes : On pourrait se croire dans un conte provençal à en juger par les personnages. Il y a la jeune fille dont le prince charmant est parti faire la guerre en Algérie, elle est enceinte mais personne ne le sait. Elle se confie à sa bonne marraine, Marie-Marthe, une femme étrange que les villageois prennent plutôt pour une sorcière et qui abat autant de travail qu'un homme. Il y a même une Belle au bois dormant recluse chez elle pour pleurer le deuil de sa superbe chevelure tondue à la Libération. Mais c'est un conte cruel où l'avenir apparaît chargé de mystérieuses menaces. À quoi ressemble l'Algérie ? Et la guerre ? Comment mener sa vie autrement que Marie-Marthe la solitaire mal aimée ? La narratrice écoute, réfléchit, comprend que dans la vie, contrairement aux contes, les gens ne sont pas d'une seule pièce, que le bon grain n'est jamais vraiment séparé de l'ivraie. Et elle observe avec une grâce émerveillée le temps qu'il fait sur cet arrière-pays niçois : un coin de ciel bleu, une averse de neige en plein mois de mai, une hauteur d'où on peut apercevoir la mer et, qui sait ?, l'Algérie, la courbe d'une colline qui rappelle celle d'un ventre où croît l'espoir d'une vie nouvelle. Une très jeune femme, à peine sortie de l'enfance, est enceinte. Elle a couché avec Vincent la veille du départ du garçon pour la guerre d'Algérie. Son ventre est déjà gros, mais personne ne le sait dans le petit village provençal où elle est postière. Elle ne l'a dit qu'à Marie-Marthe, sa confidente depuis toujours, qui vit à l'écart du monde, près du Petit Col des Loups. Un beau récit d'une pudeur sensuelle magnifique, par l'auteur d'Anchise, prix Femina 1999.